Engagement pour un travail décent dans les Territoires palestiniens occupés
La première visite en vingt ans d’un Directeur général de l’OIT en territoire palestinien avait pour objectif de consolider la coopération entre l’Organisation et ses partenaires palestiniens.
Le Directeur général de l’OIT, Guy Ryder, vient d’achever une visite officielle de trois jours dans le Territoire palestinien occupé (TPO), la première visite du genre d’un Directeur général de l’OIT en vingt ans.
Au cours de sa visite, M. Ryder a participé à une cérémonie de signature au cours de laquelle l’OIT et les représentants du gouvernement, des travailleurs et des employeurs ont promis de poursuivre leur action en vue de promouvoir le travail décent dans le Territoire palestinien occupé grâce à un nouveau Programme palestinien en faveur du travail décent.
Le Programme «représente l’engagement de l’Organisation internationale du Travail à poursuivre l’action que nous menons ensemble depuis de nombreuses années et des avancées remarquables sont là pour en attester», a déclaré M. Ryder samedi, lors d’une conférence de presse au ministère palestinien du Travail, à Ramallah.
«Il traduit aussi la nécessité de consolider et de renforcer la coopération entre mon Organisation et le gouvernement, les employeurs et les travailleurs palestiniens», a-t-il ajouté.
L’OIT a passé «près de cent ans à se battre pour la justice sociale dans le monde et nous avons une responsabilité particulière à faire avancer cette cause, ici, en Palestine», a conclu M. Ryder.
Renforcer le travail décent pour les Palestiniens
La Directrice régionale de l’OIT pour les Etats arabes, Ruba Jaradat, qui accompagnait M. Ryder tout au long de sa visite, a expliqué que le Programme fixait un cadre de travail conjoint de l’OIT et des Palestiniens pour la période 2018-2022. Il a pour priorité la promotion de l’emploi et des activités de subsistance, le renforcement de la gouvernance du marché du travail et des droits des travailleurs, et l’extension de la sécurité sociale et de la protection sociale. Le premier programme palestinien en faveur du travail décent couvrait la période 2013-2017.
«Ces trois priorités découlent des priorités nationales fixées par nos partenaires tripartites – employeurs, travailleurs et gouvernement», a expliqué Mme Jaradat.
Elle a précisé que le nouveau programme cadrait parfaitement avec l’Agenda national palestinien 2017-2022 et s’appuyait sur les principaux résultats obtenus dans le cadre des travaux antérieurs ou en cours de l’OIT dans le TPO.
Le ministre palestinien du Travail, Mamoun Abu Shala, a déclaré que le nouveau Programme «venait couronner une relation de longue date avec l’Organisation internationale du Travail, qui est bénéfique pour notre pays et notre peuple».
L’accord de mise en œuvre du second Programme palestinien en faveur du travail décent a été signé par la Directrice régionale, Mme Jaradat, le Ministre Abu Shala, le Secrétaire général de la Fédération générale des syndicats palestiniens (FGSP), Shaher Saad, et le Président de la Fédération palestinienne des chambres de commerce, d’industrie et d’agriculture (FPCCIA), Khalil Rizk.
Rencontre du Président et des partenaires sociaux
M. Ryder a entamé sa visite jeudi par une réunion avec le Président Mahmoud Abbas.
La visite du Directeur général de l’OIT prévoyait des réunions avec le ministre du Travail Mamoun Abu Shala, le ministre des Affaires étrangères Riad Malki et d’autres représentants du gouvernement, ainsi qu’avec le Secrétaire général de la FGSP Shaher Saad et le Président de la FPCCIA Khalil Rizk.
Les discussions avec le gouvernement et les partenaires sociaux ont porté sur les difficultés auxquelles est confronté le marché du travail palestinien et sur les moyens permettant de renforcer l’appui de l’OIT à l’Autorité palestinienne et aux représentants des employeurs et des travailleurs afin de promouvoir le travail décent en territoire palestinien.
M. Ryder a également rencontré le Coordinateur spécial des Nations Unies, Nikolay Mladenov, et d’autres hauts fonctionnaires de l’ONU.
Améliorer la sécurité sociale
De plus, le Directeur général M. Ryder et la Directrice régionale Mme Jaradat ont officiellement inauguré la Corporation palestinienne de sécurité sociale (CPSS) au Bureau de la CPSS à Ramallah.
La CPSS est chargée légalement par la nouvelle loi palestinienne sur la sécurité sociale d’administrer le premier système complet de sécurité sociale du Territoire palestinien de façon à couvrir tous les travailleurs du secteur privé, ainsi que les membres de leurs familles. Le système a été mis au point avec l’entier soutien de l’OIT pendant plusieurs années.
«La nouvelle loi et la Corporation incarnent une énorme avancée pour les travailleurs et les employeurs en Palestine», a déclaré la Président de la FPCCIA, Khalil Rizk.
«Nous considérons la sécurité sociale comme un élément fondamental de la justice sociale, qui contribue à préserver les droits fondamentaux des travailleurs palestiniens», a déclaré le Secrétaire général de la FGSP, Shaher Saad.
Actuellement, seuls les travailleurs du secteur public bénéficient de prestations de protection sociale dans le TPO, où vivent 4,8 millions de Palestiniens, tandis que la plupart des travailleurs du secteur privé ne sont pas réellement couverts en cas de vieillesse, d’invalidité ou de décès, d’accident du travail ou de maternité. Selon les chiffres officiels, les travailleurs du secteur privé représentent 53 pour cent de la main-d’œuvre, contre 31 pour cent dans le secteur public et 16 pour cent travaillant en Israël ou dans les colonies de Cisjordanie.
La CPSS va mettre en œuvre la nouvelle loi sur la sécurité sociale et administrer et fournir les prestations d’assurance sociale aux travailleurs assurés et à leurs proches. Elle sera supervisée par un conseil d’administration, présidé par le ministre du Travail et composé de représentants du gouvernement, des employeurs et des travailleurs.
La mise en place de la Corporation est financée par un projet de coopération pour le développement de l’OIT sur des fonds alloués par les gouvernements du Koweït et du Qatar.
Marché du travail unique et enjeux économiques
La situation qui prévaut dans le TPO se caractérise toujours par une occupation prolongée, un processus de paix bloqué, une instabilité politique chronique et une dégradation de la situation humanitaire à Gaza.
Cette situation continue de mettre à rude épreuve les moyens d’existence de centaines de milliers de Palestiniens, limitant leur accès aux débouchés économiques et au travail décent. La conjoncture économique est toujours marquée par de hauts niveaux de chômage, de sous-emploi et d’inégalités.
Une chute soudaine du montant total de l’aide des donateurs et le non-respect des promesses de 2014 pour la reconstruction de Gaza ont aussi ralenti les activités de reconstruction et, par là -même, la reprise économique.
Le secteur privé palestinien demeure entravé par l’occupation qui déprime le climat des investissements et favorise le dé-développement de nombreux secteurs de l’économie.