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Pourquoi la Vallée du Jourdain?

Pourquoi la Vallée du Jourdain?  Par Ali Hussein

Rédacteur en chef de l’Agence  palestinienne de presse WAFA

Les négociations qui portent sur la sécurité et les frontières, ont bloqué sur le refus israélien de céder, dans un futur proche, la Vallée qui marque la frontière entre la Palestine et la Jordanie, pour des raisons sécuritaires.

Prétexte fallacieux, car la vraie raison inavouée de cette opposition israélienne est  économique par excellence. Israël tire grand profit de ses investissements dans la Vallée du Jourdain : 650 millions de dollars par an.

Ces chiffres expliquent d’eux-mêmes la richesse naturelle de la Vallée qui constitue 28,5 % des territoires de Cisjordanie et dans laquelle se trouve le point le plus bas du globe. La complexité et la diversité de ses paysages, en font un véritable puzzle géologique, où la flore et la faune bénéficient d’un corridor biologique.

37 colonies illégales israéliennes sont construites dans la Vallée depuis l’occupation israélienne de la Bands de Gaza, de la Cisjordanie et de Jérusalem-Est en juin 1967 (guerre des six jours). 11 679 colons y vivent actuellement. 91,5 % de la Vallée est sous contrôle israélien spoliant les Palestiniens de tous leurs biens.

En général, ces colonies sont isolées les unes des autres et sont réparties sur de vastes zones. Elles vivent principalement de l’agriculture, à l’exception de Ma’ale Efrayim qui est une colonie urbaine.

Partie essentielle de l’Etat de Palestine, la Vallée est un espace unique qui offre des opportunités dans presque tous les secteurs économiques

Elle représente un potentiel de développement agricole et industriel important, sans compter le tourisme et le transport. Elle possède également de hauts lieux de pèlerinage pour les chrétiens palestiniens et ceux du monde entier.

Globalement, la Vallée est le grenier du futur Etat palestinien. «Les importantes ressources en eau combinées aux vastes étendues de terres arables disponibles dans la vallée du Jourdain, offriront aux Palestiniens les moyens de se développer et d’exporter une gamme conséquente de produits agricoles. Son microclimat permet des récoltes naturelles quadriannuelles de fruits et de légumes tels que les fraises, les tomates, les aubergines et les concombres. Toutefois, l’occupation israélienne et la colonisation rampante ont réduit comme une peau de chagrin la terre encore accessible aux Palestiniens, puisqu’elle ne représente plus actuellement que 4,7 % de la Vallée. Selon le département des négociations de l’OLP : « les Palestiniens ne peuvent plus cultiver qu’un demi-hectare dans la Vallée qui pourtant est la principale ressource en produits agricoles destinés à l’exportation et donc représente une richesse considérable. La valeur des plantes produites au km² dans la région est la plus élevée de Cisjordanie ; elle est de 4 à 10 fois supérieure aux autres gouvernorats palestiniens». Israël a cherché à accroître le contrôle de la région en encourageant une exploitation  commerciale illégale d’une grande partie de la terre par des entreprises israéliennes, en y interdisant l’accès aux Palestiniens.

Une des conséquences est que les 58 000 Palestiniens qui vivent encore dans la portion congrue (4,7 %) de la Vallée ont un niveau de vie bien inférieur aux 11 679 colons qui bénéficient par ailleurs de l’aide généreuse du gouvernement israélien.

Une brochure distribuée par le Centre d’information MA’AN basé à Ramallah, explique l’originalité des colonies de la Vallée du Jourdain dans le paysage global des territoires occupés.

D’abord, elles sont établies sur une base agricole dans la plupart des cas et emploient la majorité des colons. Alors que la plupart des colons de la Cisjordanie sont « navetteurs », très peu d’entre eux travaillent dans leur propre colonie.

Ensuite, les colonies de la Vallée du Jourdain ont la plus forte consommation d’eau de toutes les colonies israéliennes de Cisjordanie.

Ces colonies, géographiquement parlant, sont  aussi les plus éloignées de la célèbre Ligne Verte.

Enfin, le nombre de colons par colonie est le plus bas de tout le territoire palestinien occupé.

Tous ces éléments cumulés permettent d’expliquer comment les investisseurs israéliens ont pu engranger en 2012 un trésor de 650 millions de dollars.

Cette manne est le produit de plantations de palmiers, de roses, de légumes et d’herbes médicales, ainsi que celui de l’élevage de volailles et des vaches, sans oublier les crocodiles élevés pour leur peau, dans des étangs artificiels.

En revanche, il n’y a aucun projet économique géré par des Palestiniens dans la vallée du Jourdain, car Israël ne le permet pas.

Dans son rapport annuel de 2012, le PECDAR a rappelé que la balance commerciale  Palestinienne souffre d’un déficit chronique dans lequel le ratio exportations/importations ne dépasse pas 20 %. Les importations sont montées à 4 milliards de dollars, alors que les exportations de marchandises n’ont pas dépassé 700 millions.

Ce déficit chronique pourrait aisément être résolu par la restitution de ce trésor mal acquis par un gouvernent qui a phagocyté la vallée du Jourdain.

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١ http://www.maannews.net

٢ Selon les chiffres du Conseil des colonies israéliennes

٣ Conseil économique palestinien pour le développement et la reconstruction

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